Hommage de la sœur de Jacques d'Acremont

Paris, le 17 octobre 2008

Je voudrais dire merci à Jacques d’avoir été mon frère et de l’avoir été avec profondeur et vérité.

Au milieu d’une fratrie de huit, Jacques tenait la difficile position d’être l’aîné des cinq frères mais
d’être aussi le quatrième enfant après trois sœurs, un rôle, parmi d’autres, qu’il sut assumer avec
tact et persévérance au fur et à mesure des changements de la carte familiale et notamment du
décès de nos parents.

Jacques avait, je pense une étroite intimité avec la Sagesse, l’authentique Sagesse, celle du Livre ;
intimité qui n’était pas qu’intellectuelle mais qu’il cherchait à matérialiser en actions concrètes à travers
ses diverses activités, notamment associatives.

Dans mon souvenir, Jacques était le conciliateur, le pacificateur ; celui qui écoutait, tentait avec ténacité
de comprendre, de rapprocher, recoller et reconstruire si nécessaire et si cela s’avérait possible.

Conciliateur, Jacques n’était toutefois pas toujours conciliant car il était de ceux que peu d’obstacles
arrêtent dans leur quête de la vérité et qui généralement préfèrent la voie étroite aux solutions
apparemment plus confortables.

Il n’était ni un touriste ni un indifférent sur cette terre et voulait intensément faire bouger les lignes dans
 son entourage comme dans le domaine social mais il avait une vision lucide du chemin à parcourir et
 de la capacité des marcheurs à monter la pente et atteindre le but fixé.

Esprit libre et bienveillant, ses conseils étaient donc précieux et l’appartement de Geneviève et Jacques
sous la charpente de la rue de Grenelle s’ouvrait fréquemment à ceux qui frappaient à

la porte quelle qu’en soit la raison. Pendant sa longue maladie, sa capacité d’écoute et son humour décalé
lui permirent toujours de chercher à comprendre et de conseiller, réconforter si nécessaire l’interlocuteur occasionnel.


Merci donc à lui pour ce qu’il a construit et maintenant qu’il a remonté le fleuve jusqu’à la source, il me
semble que je percevrai à nouveau son pas calme et régulier rue de Grenelle ou dans la bruyère du
Morbihan car il est de ceux dont l’empreinte plus profonde résistera longtemps à l’usure du temps et de la mémoire.


Merci aussi à Geneviève et à tous ceux qui ont aidé Jacques au long de cette dernière année lorsque les jours
 se firent plus longs et plus douloureux. Jacques appartenait à un monde ancien et courageux où la douleur
doit rester discrète bien qu’elle soit plus dense, pour lui-même bien-sûr, mais aussi pour celle et ceux qui l’accompagnèrent.

Chaque naissance et chaque mort appartiennent au même mystère et nous ressemblons souvent
à des aveugles cherchant leur chemin entre ces deux frontières. Parfois un passant ou un Samaritain donnent
un peu de clarté dans cette obscurité. Jacques, je crois fut l’un de ceux-là.


La souffrance et la douleur ont maintenant passé et la paix a retrouvé à nouveau mon frère qui fut lui-même un passeur de paix.


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