Jean-Louis Romon

décédé dans sa 84-ième année le 10 février 2016


Éloge funèbre par Christian, son fils aîné

Mon cher papa, je m'adresse directement à toi car je sais que, d'où tu es, tu es pleinement vivant et que tu nous entends.

Tu as eu une vie bien remplie. Tu peux être fier de la famille que tu as constituée dans un lien exemplaire d'union, d'entente parfaite, d'une fidélité sans faille avec maman. Tu as élevé quatre beaux enfants, tous bien installés dans la vie. Tu as su nous faire confiance et respecter les choix de métier et de vie de chacun d'entre nous, sans jamais chercher à nous influencer.

Tu avais de nombreuses passions témoignant d'une riche personnalité et d'un esprit tolérant et ouvert. Tout d'abord la musique et le chant. Tu prenais un vrai plaisir à te mettre au piano pour te détendre et je me souviens toujours avec émotion de ces virées en voiture où la famille au complet reprenait à tue-tête les chansons que tu lançais. Ensuite les endroits insolites en pleine nature, les dimanches à arpenter les sites forestiers de la région Parisienne au risque de se perdre car à l'époque il n'y avait pas de GPS. Tu avais une passion pour les châteaux et les vieilles bâtisses : Pas de périple sans au programme la découverte visuelle d'un monument, pas toujours historique il faut bien le dire. Mais tu savais aussi t'évader dans les plaisirs intellectuels de la pureté du raisonnement abstrait. Tu savais t'émerveiller devant une belle démonstration géométrique et nous avons fait ensemble, tant que tu pouvais te déplacer, tous les championnats des jeux mathématiques organisés par la fédération Française des Jeux Mathématiques. Joueur invétéré, compétiteur dans l'âme, il n'y avait pas d'après-midi à la plage sans la traditionnelle partie de boules, parties qui ne s'arrêtaient pas tant que tu n'avais pas gagné ! Jeux d'échecs, jeux de dames, jeu de go, parties de cartes tout était bon pour te mesurer aux autres dans ce plaisir de la joute intellectuelle. Les régates du 15 août à Roscanvel sur le 4-45 familial étaient toujours également un grand moment de compétition pendant les vacances. Je garde le souvenir d’un esprit vif, toujours en éveil, curieux de tout, porté sur l’innovation et le progrès technologique.

Mais paradoxalement ce côté de pur esprit intellectuel était parfaitement équilibré par un vrai goût pour les travaux physiques et manuels. Lorsqu'un appareil tombait en panne ton réflexe n'était pas de l'amener chez le réparateur mais de le démonter pour le réparer tout seul. Lorsque nous avons vécu l'aventure de l'acquisition de la vieille ferme de Kerguinou, toute la famille sous ta houlette a dû se mettre au marteau et au burin pour enlever le crépis de ciment intérieur qui recouvrait les vieilles pierres de l'habitation. Les folles herbes du jardin c'est à la faux que l'on a dû les couper, et lorsqu'un arbre est tombé dans le jardin le tronçonnage se faisait avec une scie à main. Pas question d'acheter une tondeuse à moteur ou une tronçonneuse. C'était je crois ta conviction profonde de la valeur supérieure du travail manuel, dussions nous y passer toutes nos vacances pour au bout du compte parfois un bien maigre résultat.

Je pourrais ainsi prolonger les nombreuses anecdotes qui me viennent à l'esprit lorsque je cherche à évoquer ton souvenir, mais je crois qu'il faut conclure.

Je garde au plus profond de moi le souvenir vibrant d'une personnalité attachante, d'une simplicité sans pareille, d'une curiosité universelle, d'une intégrité sans faille faisant preuve de qualités morales et éthiques hors du commun, d'une joie de vivre toujours en perpétuelle ébullition.

Bien sûr tu vas nous manquer, mais je sais que là-haut tu as retrouvé tes proches décédés et notamment ton propre père que tu n'as pas eu la joie de connaître longtemps ici bas ; je sais que tu continueras à être avec nous, veillant à la destinée de ton épouse et de tous tes descendants.

En un mot, une très belle âme nous a quittés, mais elle restera pleinement vivante par le souvenir et par sa présence bienfaitrice dans l'au-delà.

Note ajoutée par Charles-Michel Marle. J'ai appris lors de la cérémonie funèbre que le père de Jean-Louis Romon avait été fusillé par les Allemands en 1945.

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