Après une soixantaine d’années, il est difficile de résumer
– ou de synthétiser – ce qu’a pu être le parcours de 232 « cocons »
arrivés sur la Montagne Sainte-Geneviève un jour de fin d’été 1953.
Et si l’on tente d’interviewer quelques-uns des survivants, on obtient
des réponses dont le moins qu’on puisse en dire est qu’elles sont… variées.
Essayons quand même ! Nous avons à notre disposition des éléments concrets,
avec quelques documents conservés précieusement qui témoignent de notre vie
à l’École, et deux « plaquettes » de souvenirs éditées par les caissiers
sur une idée d’un cocon.
Si l’on en croit les documents concernant notre vie à l’École, nous avons
été, à la fois, pleins d’imagination et très… chahuteurs. L’imagination
apparaît dans les affiches des campagnes de Kès et du Point Gamma,
ou dans les textes des revues Barbe ou Gamma, ou dans les
fausses décis diffusées par la khomiss :
appel à des dessinateurs de l’époque pour les affiches,
appel à Sacha Guitry pour les costumes de la revue Barbe sur le thème
« Napoléon », appel à Michel de Ré pour une revue Gamma inspirée par
La Tour Eiffel qui tue ». Sans compter quelques « brans »
mémorables, dont certains ont réveillé l’ensemble du quartier et provoqué l’ire d’un
Général commandant l’École pourtant ancien missaire… À noter au passage
que nous ne semblions pas très doués pour les manifestations « militaires »,
ce qui explique un certain étonnement de notre Colonel après un défilé
apparemment pas trop raté.
Une « fausse déci(sion » tirée sur la ... gesteitner du secrétariat du Général |
Les costumes civils empruntés au film de Sacha Guitry Les costumes militaires du même... |
Les commentaires (surpris) du colonel Pamart immédiatement après la revue du 11 novembre 1954 |
Couverture de la revue Gamma 1955 |
Si l’on en croit les deux plaquettes, nous apparaissons comme une promo
presque « normale » : la liste des « X célèbres »
lui appartenant ne va pas très loin, et démontre finalement que chacun,
dans son coin, a dû faire son boulot correctement. La première se situe
à l’occasion du 25ème anniversaire de la promo, autour de
1978 – et du 45ème de la plupart d’entre nous, dans la
« force de l’âge », c’est-à-dire en pleine activité
professionnelle. Elle permet de constater que, tout au
long de ces (presque) trente « glorieuses », nous avons été présents dans
presque tous les compartiments du jeu, depuis l’aéronautique, l’armement,
l’automobile, la construction navale, l’espace, l’informatique, le nucléaire,
le textile… sans oublier l’industrie du tabac dont notre École fournissait
alors d’excellents « ingénieurs des Manufactures de l’État ».
On trouve même un cocon qui, après avoir fait un début de carrière de fonctionnaire,
a construit des maisons individuelles ! À noter qu’une convention, mise
au point avec l’Électricité de France, a permis à certains démissionnaires
de transférer leur engagement vers de grandes entreprises d’État – Sud Aviation
devenue depuis Aérospatiale puis E.A.D.S., par exemple.
Dans l’avant-propos de cette plaquette, intitulée « opération
Quart de siècle », Jacques Flesselles, qui en avait donné l’idée, nous
indique : « Vingt-cinq ans correspondent surtout, pour la plupart
d’entre nous, à un parcours de notre vie active qui fut sans nul
doute riche d’enseignements mais aussi, espérons-le, encore porteuse d’avenir.
Il nous avait semblé intéressant que chacun puisse à cette occasion,
non pas se livrer, mais exprimer un témoignage, quel qu’il soit. »
Cette proposition avait été suivie par une quarantaine de cocons que Jacques
souhaitait remercier, ainsi, d’ailleurs que « tous les autres,
qui ont peut-être trouvé l’idée simiesque ou débile (il faut adapter son
vocabulaire à son temps), et qui ont eu la délicatesse de ne pas nous
importuner, faisant preuve d’une grande discrétion dans leur
désaveu ». Allons un peu dans le détail. Si nous feuilletons
ces témoignages de ces quelques dizaines, nous rencontrons, successivement :
- un parcours passionné dans l’aéronautique, depuis l’hélicoptère Alouette
jusqu’à la fabrication de Caravelle ou de Concorde – expérience de
coopération internationale riche d’enseignements – puis d’Airbus ;
- les souvenirs d’un navigateur qui souhaitait l’être depuis l’âge de dix
ans et pense, après treize ans de tours du Monde, « avoir été ainsi un
des plus actifs ambassadeurs du charme et de la culture polytechniciens » ;
- la saga de la conception et de la fabrication de réacteurs nucléaires
« de technique française »,
- la confession d’un prétendu « autodidacte » qui avoue avoir découvert
que « l’industrie est une aventure humaine » « personne ne m’ayant
enseigné les hommes »…
- la participation à la construction d’un grand groupe pétrolier,
avec « de nombreux échecs, de multiples fusions, mais aussi de bonnes réussites » ;
- la découverte, dans les services de l’INSEE, de la nécessité de
« dépasser le cadre purement technique pour mettre en place et animer
des équipes responsables et motivées »,
- le choix initial de « m’amuser en faisant de la recherche fondamentale »,
malheureusement « dévié vers la gestion de budgets… » ;
- un « homme de radio » qui regrette de n’être que ça : « lourde tâche
que d’être un spécialiste dans un domaine aussi restreint »,
- « l’aventure exaltante du développement des surrégénérateurs au C.E.A. »
en attendant « une autre aventure, industrielle cette fois, celle de la
construction des grands surrégénérateurs de demain, et pour commencer Super Phenix »,
- un directeur du département de Maths appliquées et d’informatique dans une université,
- une carrière dans les assurances après « six ans d’Armée » avec
« des patrons extraordinaires et un boulot passionnant »,
- l’accompagnement du développement « dans un domaine en évolution rapide »,
celui de l’informatique, où « jusqu’à présent, je ne me suis pas ennuyé »,
- pour la Direction Technique des Engins, un cocon « passionné par les
problèmes de construction rationnelle de la qualité et d’assurance du produit »…
- « au service de l’État depuis ma sortie de l’École, j’ai exercé des
tâches techniques, industrielles et de gestion dans l’Armement terrestre. (…)
J’ai trouvé dans ma vie professionnelle l’intérêt que j’espérais » ;
- responsable de l’équipement d’une aire géographique, « mes vingt ans
d’activité passionnée de service public n’ont cessé de m’ouvrir aux
aspirations profondes des pays, des cités et des hommes que j’ai découverts » ;
- « le tabac est une école de modestie (…). Si vous travaillez – et cela
arrive -, tous nos efforts les plus méritoires s’envoleront finalement en fumée… »
- après « une douzaine d’années à étudier des torpilles à Toulon et à Saint-Tropez »,
la responsabilité des liaisons maritimes trans-Manche de la SNCF ;
- « l’opportunité de vivre hors de France et de voir confrontés culture
latine et expérience anglo-saxonne » dans le domaine des systèmes d’information,
- « hostile par éducation à la notion de psychologie, j’y ai été amené
progressivement par ma femme et je m’en félicite aujourd’hui » « dans une
boîte dynamique et prospère. En fait, j’y fais peu de technique,
un peu de commercial et surtout des relations humaines, de la stratégie
sociale, etc … Cela me convient bien » ;
- « après avoir participé au développement du sous-marin nucléaire »,
un nouveau challenge : le transport du gaz liquéfié avec la découverte
et une implantation aux Etats-Unis ;
- « certains prétendent que vendre de l’ingénierie (ou de l’Informatique)
c’est vendre … de l’Illusion » mais « ce sujet m’intéresse toujours »…
- après avoir été « détaché comme directeur adjoint d’un Office Marocain
chargé de la distribution d’eau potable et d’exploitation portuaire »,
responsabilités dans la distribution des eaux ;
- « l’effort de développement des télécoms commence à porter ses fruits
car on commence à pouvoir dire qu’on travaille en ce domaine sans que
tout le monde rigole : ça fait plaisir ! » ;
- ingénieur de l’Armement, « je me suis orienté vers les mathématiques
et le calcul numérique ; j’ai été envoyé en stage à l’Université du
Wisconsin au U.S.A. où j’ai passé un doctorat (…). J’ai enseigné en
tant que maître de conférences à l’X, aux Ponts et Chaussées et, pendant
deux ans, à l’Université du Minnesota » ;
- un exemple de pantouflage à l’envers : « après vingt années passées
à la Thomson, je dois prendre de nouvelles fonctions au Commissariat au Plan » ;
- « j’ai fini par m’adonner aux sciences inexactes dans un service de
recherches pharmaceutiques » …
- après un début de carrière comme fonctionnaire ministériel, un banquier,
« médaille d’or de donneur de sang », déjà auteur de quelques ouvrages, a
« contribué à la conception de trois enfants intelligents, heureux et
équilibrés » et se « demande si ce n’est pas ce que j’ai fait de mieux » ;
- pour un autre, « le virus des mathématiques n’a exercé ses effets
qu’avec dix ans de retard », pour en faire un professeur d’université
et un maître de conférences (de mathématiques, bien sûr) à l’X ;
- après « sept années passées dans la mili (ayant laissé) des souvenirs
durables », la suite se situe sur des chantiers en Afrique et ailleurs,
dans une entreprise à taille humaine, avec « des responsabilités sans
formalisme » et des « contacts humains avec toutes les catégories sociales,
à titre individuel et collectif (syndicats) » ;
- le Génie Maritime conduit, lorsqu’on en sort, vers le nucléaire,
« métier contesté à partir d’arguments superficiels (mais qui) m’accapare
et me passionne » ;
- sans commentaires sur son activité professionnelle, un cocon nous dit
tout le bien qu’il pense du tennis même s’il ne l’exerce plus que comme dirigeant…
- ayant quitté la Direction des Poudres suite à un « pantouflage bien
involontaire », un « cadre supérieur lambda » est heureux d’avoir contribué
aux réussites de la grosse autopropulsion (lanceurs, force nucléaire stratégique) ;
- très impliqué dans la construction, un autre cocon constate la diversité
de nos origines et de nos comportements tout autant que la validité de
notre formation, dont « la lacune se situe au niveau des sciences humaines,
psychologie, sociologie, etc… » ;
- un nouvel exemple d’« anti pantoufle », à trois reprises cette fois, de
l’industrie des télécoms vers des organismes publics divers (industrie horlogère,
développement régional, commission électronique internationale) ;
- et laissons la conclusion à un directeur de manufacture suisse de tabacs :
« je pense qu’il faut cultiver son jardin sans se prendre pour Napoléon ».
mbler
ces lacunes. Même si la plupart ne se sont pas beaucoup servi de ces
outils mathématiques qui leur ont été enseignés, c’est une méthodologie
qui en a été dégagée, et elle a prouvé son efficacité.
La deuxième plaquette, éditée à l’occasion du 50ème anniversaire de la promo,
complète et confirme, vingt-cinq ans plus tard, les principaux éléments
de la première. Elle concernait surtout des septuagénaires, retraités
le plus souvent, mais non inactifs. La plupart racontent les dernières
années de leur vie professionnelle et leur participation à quelques
grands projets de ce XXème siècle finissant – par exemple :
- la direction d’une société américaine de lancement de satellites avec
quelques interventions pointues de réparation dans l’espace,
- « une vie paisible de chercheur fonctionnaire » puis, ayant « pantouflé »,
une vie « pas paisible du tout de chef d’entreprise » ;
- « des bateaux, j’en ai construit, plusieurs dizaines, probablement plus
d’une centaine. (…) Pendant 35 ans, je me suis battu pour que la construction
navale survive en France… »
- la création d’un réseau routier en Afrique, puis « vingt huit années
pour les autoroutes », en tant qu’ « aménageur et promoteur » en charge
non seulement de la technique, mais également de la qualité et de l’esthétique
de ces réalisations,
- « sortant de l’École, j’étais passablement immature : c’est dans les
relations humaines que j’étais le plus innocent et c’est le sujet qui m’a
le plus passionné. Malheureusement, je me suis plus intéressé aux faibles
qu’aux puissants, j’en ai été puni par une triste fin comme Inspecteur Général » ;
- la construction du premier sous-marin nucléaire qui est devenu, lors
d’une visite en famille, « le sous-marin de grand-papa » ;
- participation au Plan Calcul avec pour résultat de « mesurer les distances
galactiques qui séparent l’industrie et les gouvernants » avant « une
véritable croisade pour l’introduction de la téléphonie cellulaire en France » ;
- contribution à plusieurs grands programmes en travaillant pour des
établissements publics de recherche : armement nucléaire au C.E.A.,
technologies spatiales au CNES, énergies renouvelables au CNRS… avant
de participer bénévolement à un groupe de réflexion « sur la prospective
technique, industrielle et sociale de notre société » ;
- développement, par un cocon ingénieur conseil, d’un ensemble
méthodologique de traitement des problèmes « adapté à la culture française » ;
- l’invention puis la création d’un réseau « R » longuement clandestin
pour ménager la susceptibilité des entreprises publiques concernées, mbler
ces lacunes. Même si la plupart ne se sont pas beaucoup servi de ces
outils mathématiques qui leur ont été enseignés, c’est une méthodologie
qui en a été dégagée, et elle a prouvé son efficacité.
avant de devenir le « R.E.R. » bien connu ;
- la définition d’une politique nationale dynamique dans le secteur
des propulseurs aéronautiques et spatiaux ;
- la création, dans les années 50, de l’école des Travaux Publics de
Saigon, avant de poursuivre des « recherches pointues sur l’emploi de
la photoélasticité pour l’analyse des contraintes dans les milieux granulaires »…
Couverture plaquette mi-centenaire
Elle met également en évidence l’implication de nos cocons dans toutes
sortes d’activités, culturelles ou autres : après avoir résumé en une
dizaine de lignes une carrière de fonctionnaire, l’un d’entre eux nous
raconte avec délices qu’il a pris beaucoup de plaisir à organiser des
randonnées dans des coins difficiles, et c’est d’ailleurs lui qui figure
sur la couverture du document car il est très significatif de cette
« ouverture » qui nous caractérise. Nombreux sont d’ailleurs ceux
qui participent à des activités « humanitaires » au sens large :
- création de mosaïques romaines ou de vitraux, mais aussi écriture de poèmes,
- pratique de l’aéromodélisme télécommandé,
- rédaction de contes souvent inspirés par une vie professionnelle
bien remplie et souvent pleins d’humour,
- édition de recueil de poèmes – le nombre de cocons qui en écrivent
est impressionnant !
- inventaire de plantes régionales, puis publication d’un catalogue
actualisant les connaissances dans ce domaine,
- forte implication au service de la coordination entre habitat et humanisme,
- recherches généalogiques approfondies, avec de belles découvertes
comme l’enlèvement en 1658 d’une jeune fille promise au couvent,
- accompagnement d’une jeune violoniste douée, création et animation
d‘une association dédiée, organisation de concertes et d’enregistrements,
- passion pour les orchidées, découverte d’une espèce inconnue qui porte
le nom d’un cocon et financement d‘une O.N.G. brésilienne pour la reforestation,
- navigation sur la côte Est des Etats-Unis,
- participation à un orchestre de jazz,
- édition d’un « apériodique d’intérêt familial », qui tire à plus de 90 exemplaires,
- participation à la création et à l’animation de groupes X spécialisés,
édition d’ouvrages de réflexion sur l’évolution de notre société,
- forte implication dans l’éducation populaire, en particulier dans
le secteur des déficients auditifs, et, en particulier, contribution
à l’adaptation des émissions télévisées (langue des signes et sous-titrage),
- sans oublier la réalisation de films et l’écriture de romans…
Quelles conclusions tirer de ces parcours ? Que nous avons eu la chance
de les vivre dans une période où le contexte économique permettait à
chacun de faire pleinement la preuve de ses compétences, le plus souvent
dans un domaine choisi par lui et avec un certain plaisir. Que nos
réalisations, de toutes natures, s’inscrivent dans celles de la collectivité
nationale à laquelle nous appartenons avec, quelquefois, un rôle un peu
particulier : par exemple, notre major a fini professeur au Collège de France !
Peut-on monter d’un cran dans cette conclusion ? Nous sommes quelques-uns
à considérer que, telle qu’elle était, notre École a prouvé qu’elle savait
fépondre aux besoins de notre pays, dans à peu près tous les domaines.
Nous n’avons pas été que des techniciens, nous avons été des chercheurs,
des concepteurs, des managers, des formateurs, des créateurs, des accompagnateurs…
Ceux qui ont choisi de ne pas privilégier le classement et l’acquisition
de connaissances ont su, eux aussi, trouver leur place dans cet ensemble.
Bien sûr, notre préparation aux concours a été importante et nous devons
tous beaucoup à ce que nous ont apporté la Taupe et ses professeurs,
mais l’École elle-même a joué un rôle majeur, dans une conception née
de l’expérience et qui mêlait efficacement une grande liberté – nécessaire
après les années de Taupe – et de grandes possibilités. L’éventail de
choix qui nous a été proposé à la sortie nous a permis des orientations
diverses et nous ne pouvons que constater que l’École a bien mérité ce
nom de « Polytechnique » qu’avait souhaité lui donner Napoléon en
élargissant l’idée d’une « école centrale des Travaux Publics » :
les « travaux publics », de notre temps, ont été aussi privés que publics,
et ont bien fréquenté toutes les techniques…
Avons-nous été gênés par son rattachement militaire ? Apparemment,
le modus vivendi que nous avons trouvé en arrivant, et passé à nos mbler
ces lacunes. Même si la plupart ne se sont pas beaucoup servi de ces
outils mathématiques qui leur ont été enseignés, c’est une méthodologie
qui en a été dégagée, et elle a prouvé son efficacité.
successeurs, était un bon compromis : ceux qui souhaitaient faire une
belle carrière militaire pouvaient la préparer à l’École, les autres
lui accordaient le minimum d’attention nécessaire pour ne pas créer
de difficultés… La lettre du Colonel Pamart à la suite d’un défilé
apparemment réussi est un bon exemple de l’efficacité de ce compromis :
notre commandant en second semble un tantinet étonné que, « même en mili »,
nous soyons capables de sérieux ! Mais nous ne pouvons pas oublier que,
par la suite, notre implication dans les « événements » d’Algérie
a coûté la vie à plusieurs d’entre nous, et blessé sérieusement quelques autres.
Avons-nous été gênés par notre engagement décennal ? Le système que nous
avons connu a montré sa souplesse et son intelligence :
- engagement effectif pour les « Bottiers » et de nombreux autres,
qui ont prolongé leurs études en écoles d’application puis, en fonction
de leur choix, géré une carrière de fonctionnaire ou trouvé une
« pantoufle » à l’issue de cette période ; engagement effectif
également pour les « surlimites » avec une carrière dans l’Armée ;
- démission et remboursement de la « pantoufle » pour d’autres,
qui ont choisi le secteur privé ou semi-public et, souvent, commencé à
travailler dès leur sortie du service militaire (prolongé de trois mois
comme « rappelés » pour la guerre d’Algérie sur l’initiative
d’un antique devenu ministre de la Défense. À noter que la kès avait
fait connaître la possibilité d’une « convention » permettant de transférer
cet engagement vers des entreprises publiques (E.D.F., G.D.F., secteur
aérospatial,…) ce qui a permis à quelques cocons, non seulement de financer
le remboursement, mais également d’effectuer deux années d’études
supplémentaires aux Etats-Unis.
Avons-nous été gênés par le contenu de nos études ? Bien sûr, un certain
nombre de témoignages mettent en évidence une réelle insuffisance pour
tout ce qui touche à la gestion des relations humaines, composante
importante du métier de responsable – d’entreprise ou d’administration.
On peut y voir le reliquat de la définition initiale de l’école mbler
ces lacunes. Même si la plupart ne se sont pas beaucoup servi de ces
outils mathématiques qui leur ont été enseignés, c’est une méthodologie
qui en a été dégagée, et elle a prouvé son efficacité.
« spéciale des travaux publics » mettant l’accent sur la compétence
technique, mais la diversité de notre formation a permis, le plus souvent,
de faire jouer notre capacité d’analyse et d’adaptation pour combler
ces lacunes. Même si la plupart ne se sont pas beaucoup servi de ces
outils mathématiques qui leur ont été enseignés, c’est une méthodologie
qui en a été dégagée, et elle a prouvé son efficacité.
Une anecdote qui nous paraît significative : deux de nos cocons, embauchés
par ce qui allait devenir l’Aérospatiale, se sont retrouvés en école
d’application au Caltech, en « concurrence » avec les élèves d’origine
U.S. recrutés sur titres. Et ils ont été repérés au point que, après
quelques mois, ils ont été choisis comme… professeurs de mathématiques
par la dite institution. On peut quand même voir dans cet exemple – qui
ne concerne pas des « bottiers » phanas de boulot puisqu’ils avaient
démissionné – la preuve de la valeur de nos enseignements !
Au total donc, la solution qui avait été définie pour notre École nous
semble avoir produit les résultats attendus. Le rattachement au Ministère
de la Défense traduisait un engagement de la communauté nationale, notre
statut d’élèves officiers était, en réalité, une garantie d’indépendance
de nos choix ultérieurs avec les possibilités d’aller, après trois ans,
dans l’Armée, dans un école d’application, ou dans le « civil » - bien
entendu en remboursant les frais engagés par cette communauté. Notre corps
enseignant était composé d’anciens ayant une expérience de chercheurs ou
d’ingénieurs. L’X avait une spécificité qui, comme Normale Sup, le
situait au plus haut niveau de la formation scientifique de notre pays.
Elle n’était pas une université, ni une école de management… Ce qui ne
l’empêchait pas de jouer effectivement les rôles qu’on attendait d’elle !
Pouvons-nous nous permettre une conclusion pour l’avenir ? Nombreux sont,
parmi nous, ceux qui s’étonnent d’une évolution qui nous semble perdre
de vue cette réalité que nous avons vécue. Nous avons entendu prétendre
qu’il fallait que l’X se situe parmi les dix premiers établissements d’un
classement international basé sur des critères définis ailleurs. Nous ne
sommes pas sûrs que cet objectif soit réellement celui de notre École.
Nous pensons qu’elle doit continuer à offrir au plus grand nombre la
possibilité de mettre son intelligence et ses compétences au service de
la collectivité, sous diverses formes, sans privilégier telle ou telle,
sans chercher à s’imposer par la réputation, les publications ou les
revenus de quelques-uns. Elle n’a pas à dépendre, sous quelque forme
que ce soit, de donations de quelques privilégiés… L’efficacité collective,
à notre avis, doit être plus importante que la notoriété individuelle.
Notre promo, dans son ensemble, a, sur ce point, tenu ces engagements.
Les caissiers de la promo 53
Yvon Bastide & Bernard Dufour
Ce texte a été préparé par les caissiers pour présenter la promotion à
l'occasion de la rencontre inter-promotions de mai 2013.
Accès aux documents retraçant nos itinéraires.
En cliquant sur les liens ci-dessous vous pourrez accéder à des documents
divers, récents ou anciens, souvenirs ou témoignages de nos expériences.
Je compte sur vous pour m'aider à enrichir cette collection, tant en ce qui
vous concerne qu'en ce qui concerne nos cocons disparus. Si vous souhaitez
écrire un petit mot à la mémoire d'un de ces camarades, présenter sa
carrière ou simplement évoquer des souvenirs et exprimer vos sentiments,
n'hésitez pas à le faire. De même les photos et autres souvenirs seront
reçus avec reconnaissance et placés dans ce chapitre.
Pour bien commencer, rendez-donc visite à notre major de sortie,
Marcel Froissart !
La plaquette du quart de siècle (1978) (idée de notre regretté cocon
Jacques Flesselles) est un document en deux parties, au format PDF
(Portable Document Format), affichable à l'écran et imprimable avec tout
lecteur de document pdf, par exemple Acrobat Reader, logiciel gratuit.
Pour afficher à l'écran ou télécharger cette plaquette,
cliquez sur les liens ci-dessous.
Couverture
Première partie (A à F)
Deuxième partie (G à Z)
La plaquette du mi-centenaire (2003) réalisée par notre caissier Yvon Bastide se trouve ici. Vous pouvez la feuilleter dans l'ordre des pages du document écrit.
Vous trouverez ci-dessous la liste de tous les cocons de la promo 53, par ordre alphabétique.En cliquant sur un nom, vous ferez apparaître une page vous permettant d'accéder à tous les documents concernant ce camarade. Dans (presque) tous les cas, vous pourrez accéder, au moins, à la page de l'album de promo sur laquelle se trouve sa photo et aux documents écrits par (ou à propos de) ce camarade dans les plaquettes du quart de siècle et du mi-centenaire. J'espère que vous me fournirez de quoi enrichir ces pages !
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Jean Acher,
Jacques d'Acremont,
James Aïche,
André Alexandroff,
Etienne Allais,
Jean-Claude
Antonietti, Jean-François
Arhanchiague, Jean
Armynot du Châtelet, François
Avril,
Pour voir la liste qui, hélas, ne peut que s'allonger, de nos camarades décédés, cliquer ici.
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