Avant de résumer en quelques
lignes mon CV, je voudrais dire quelques mots de mon père
dont le parcours atypique peut présenter un certain
intérêt pour ceux qui réfléchissent aujourd'hui à l'avenir
de l'Ecole. Mon père (Léon Vincent) est né en 1891 à
Paris; son père, illettré, était garçon de café, sa mère
bonne dans une boulangerie. Ses parents ayant ouvert une
épicerie à Saint-Lô, mon père y suivit l'école primaire
jusqu'au certificat d'études. Il quitta alors l'école pour
travailler comme garçon dans l'épicerie de ses parents. Ce
n'est qu'après deux années d'interruption de sa scolarité
qu'il rejoignit le lycée de Coutances. Je donne ces
détails pour expliquer les dates suivantes: bac en 1910,
pas d'hypotaupe, taupe à Louis-le-Grand, entrée à l'X (en
2/2) en 1911, la guerre (quatre fois blessé), l'école du
GM, la pantoufle en 1920, la carrière dans la construction
navale. Mon père croyait dur comme fer (on peut le
comprendre) aux vertus de "l'école de la République". Ce
parcours serait-il encore possible aujourd'hui? J'ajoute
seulement que mon père ayant épousé la fille de son
professeur de taupe, je suis, de ce côté-là, petit-fils
d'un normalien.
J'en viens à mon propre parcours, passablement plus
simple. Après l'X (53), les Ponts (58), pas de pantoufle,
une carrière de fonctionnaire. 1959-1960, chef
d'arrondissement puis directeur des travaux publics à
Pointe-Noire (Congo). 1961-1963, chargé au Ministère de la
Coopération à Paris des projets d'infrastructure financés
par le FAC (Fonds d'aide et de coopération). De 1963 à
1995, fonctionnaire de la Commission européenne à
Bruxelles.
J'ai donc passé plus de 30 ans de ma vie à travailler pour
l'Europe, vingt ans pour la politique européenne du
développement, douze ans dans le secteur des transports.
J'ai eu pendant toute cette période une tâche exaltante,
travaillant avec une série d'hommes remarquables,
Jean-François Deniau, Claude Cheysson, Edgard Pisani et
Jacques Delors.
Dossiers "Développement" dont j'ai eu la responsabilité:
les infrastructures en Afrique, dans les Caraïbes et le
Pacifique, les cofinancements, la coopération minière,
énergétique et industrielle.
Aux transports: les réseaux transeuropéens
d'infrastructures de transport, la sécurité routière, la
libéralisation du transport aérien, la politique
ferroviaire. J'ai présidé le groupe chargé de promouvoir
le réseau transeuropéen de TGV.
De 1995 à 1997, j'ai conseillé la Commission européenne en
matière de politique ferroviaire.
J'ai ensuite représenté la Fédération Nationale des
Travaux Publics auprès des Institutions européennes, cela
jusqu'en 2005.
J'ai créé et présidé une Association (Espace Europe
Equipement) regroupant les agents de l'Equipement en poste
à Bruxelles.
Je suis marié depuis 1956. Trois enfants et cinq
petits-enfants.