La vie de bureau (1958 - 1981)
Aimant les activités sportives, la nature et les grands espaces,
je me sentais mal à l’aise dans un bureau, malgré l’intérêt de mon travail
de recherche en analyse numérique qui m’a valu d’effectuer plusieurs séjours
dans des universités américaines. Pour me défouler, j’utilisais au mieux le
temps libre de mes vacances, mais c’est en 1981 que j’ai trouvé une liberté
totale en prenant ma retraite grâce à mon statut de militaire (un avantage auquel
je n’avais même pas songé lorsque je suis entré dans le corps des ingénieurs de l’armement).
Alors, après avoir été ingénieur pendant deux ans, puis chercheur et enseignant
(maître de conférences à l’X, professeur à l’Université du Minnesota),
je suis devenu accompagnateur de randonnées à pied.
L’âge d’or (1981 - 2001)
Désormais, je pouvais choisir mes activités en toute liberté.
1) Accompagnement de groupes de randonnées à pied
Pour la société Terres d’Aventure : au Népal, au Pakistan, au Sahara, aux Iles Hawaii et en Australie.
Pour la société américaine Mountain Travel : dans les Pyrénées, en Norvège,
en Tchécoslovaquie et au Népal.
2) Reconnaissance d’itinéraires
Pour Terres d’Aventure, j’ai préparé des itinéraires de randonnée,
surtout au Népal et au Pakistan. Ce que j’ai aimé le plus est d’être
le premier touriste à pénétrer au Dolpo, en septembre 1989, aussitôt après
l’ouverture de cette région du Népal aux étrangers. Jusqu’alors, seuls
quelques spécialistes tels que le zoologiste anglais George Schaller et
le photographe français Éric Vali avaient été admis dans cette région.
C’était un pays vierge, resté à l’écart du reste du monde et même du reste du Népal.
J’avoue avoir participé au développement des intrusions étrangères, mais
c’était inéluctable ! Au cours de cette reconnaissance au Dolpo, j’ai franchi
trois cols à plus de 5000 mètres et j’ai croisé de longues caravanes de yacks
sur les lieux mêmes où sera tourné plus tard le film “Himalaya”.
3) Ascensions et randonnées personnelles
(seul ou avec des amis et aussi dans des expéditions guidées par des
guides de haute montagne) En voici quelques exemples :
- Ascension à ski du Trisul (7127 m), en Inde, dans l’Himalaya du Garwhal.
- Ascension du Mont McKinley (6194 m), point culminant de l’Amérique du Nord, en Alaska.
- Ascension de l’Aconcagua (6959 m), point culminant de l’Amérique du Sud, en Argentine.
- Haute route dans la région de l’Everest, par trois cols à plus de 5500 mètres, avec l’ascension du Mera Peak (6476 m) (en 1994)
- Traversée intégrale de l’Australie à vélo, du sud au nord, d’Adelaide à Darwin, et du nord à l’ouest, de Darwin à Perth, avec de nombreuses excursions secondaires à vélo ou à pied (en 1991 et 1992), et de même en Nouvelle Zélande (en 1996)
- Parcours en canoë sur beaucoup de rivières de France, par exemple :
de Roanne à Nantes sur la Loire,
de la Loire au pont de Tancarville par le canal du Nivernais, l’Yonne et la Seine,
de Montbéliard à Vienne par le Doubs, la Saône et le Rhône, etc...
En Iria Jaya (Nouvelle Guinée), 1986 |
Le glacier du Baltoro et le K2 |
4) Publications
Plusieurs articles sur mes voyages dans les revues AlpiRando, Montagnes-Magazine et Le Cycle.
5) En famille
J’ai aussi consacré beaucoup de temps à guider et entraîner ma famille en
montagne ou ailleurs. Ainsi, ma femme et mes enfants sont tous montés
au moins une fois au sommet du Mont-Blanc.
Malheureusement, ma neuvième ascension du Mont-Blanc, le 16 août 2000, avec ma femme, devait être la dernière.
La fin (27 mars 2001)
Après mes enfants, c’était le tour de mes petits-enfants. J’avais commencé
à emmener les deux aînés en haute montagne et je projetais de faire monter
l’aîné au sommet du Mont-Blanc en 2002. Mais ma vie active s’est brusquement
terminée le 27 mars 2001 sur une maudite corde tendue en travers de ma route.
C’était au bord de la Seine, près de l’écluse d’Evry. Je connaissais très bien
cette route, et cette corde n’aurait jamais dû être là. C’était par erreur !
En toute confiance, je roulais à vélo en regardant la rivière sur le côté,
et tout à coup, sans rien comprendre, je me suis retrouvé sur le dos,
complètement paralysé, incapable même d’appeler au secours et persuadé que j’allais mourir.
Heureusement, un homme est passé et il a prévenu les pompiers et le SAMU.
J’étais tout à fait conscient, mais incapable de bouger la moindre partie
de mon corps. Je n’aurais surtout pas voulu continuer à vivre dans cet état !
On m’a emmené à l’hôpital le plus proche et j’ai retrouvé peu à peu des
sensations et une certaine motricité. Ensuite, j’ai passé sept semaines à
l’hôpital du Val de Grâce, puis huit semaines dans un centre de rééducation.
J’ai fait beaucoup de progrès, mais je garde des séquelles irréversibles dues
à des lésions de mon rachis cervical. J’ai tout de même beaucoup de chance
d’être en vie et autonome !
Maintenant, il ne me reste plus qu’à écrire mes mémoires et à classer mes
nombreuses photos. Un extrait de mes mémoires racontant ma participation
au premier essai nucléaire français dans le Sahara, le 13 février 1960 .html
(à 15 km du “point zéro” au moment de l’explosion, puis jusqu’à 6 km quelques
minutes plus tard, avec nos camarades Deffrenne et Loustalot),
figure sur le site internet de Pierre Billaud (X 39) : http://perso.club-internet.fr/pbillaud
Ma famille
En novembre 2002, j’ai trois enfants et onze petits-enfants âgés de quinze
ans à six mois. Quatre de mes petits-enfants vivent à Sydney et ont chacun
une triple nationalité. C’est la mondialisation !
Remarque finale
Les différentes étapes de ma vie sont le prolongement de la formation
polyvalente que nous avons reçue à l’X : formation scientifique très large
permettant des spécialisations dans des domaines très divers, et aussi,
en option, initiation au ski et à l’alpinisme par des stages facultatifs
au fort de Rousses et à l’École Militaire de Haute Montagne de Chamonix.
La polyvalence de cet enseignement est un atout fondamental !
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