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Il ne m’appartient pas de dégager une conclusion qui pourrait apparaître,
en quelque sorte, comme un jugement de valeur (ou de valeurs). Toutes
les contributions qui ont construit cette « plaquette » ont quelque chose
en commun : elles sont sincères, nées de la réalité d’une vie qui
n’a pas toujours été facile ou lumineuse, qui a connu sa part de déceptions,
de malheurs, de découragements.
Certains ont été aidés par leur foi, d’autres ont trouvé, dans des
activités diverses, un relais nécessaire. J’ai été amusé, au fur et à
mesure de la réception de ces témoignages, par le nombre de petits-enfants
que « nous » pouvions avoir – « nous » représentant,
justement, cette promotion qui est la nôtre. Et j’ai été, aussi,
un peu rassuré de ne pas être le seul dans ce cas :
tous mes petits-enfants, aussi, sont géniaux.
J’ai choisi de reprendre, au début de cette plaquette, quelques documents
illustrant nos activités « hors études » pendant notre séjour à l’École.
Si vous les regardez bien, vous y verrez une préfiguration de ce qui est
raconté cinquante ans après : une certaine aptitude à prendre quelque
distance avec ce que nous étions censés être, sur le moment et dans le futur,
et quelques capacités aussi, à faire autre chose que des études.
Loin de moi l’idée de glorifier la khomiss – j’ai eu assez de problèmes
avec elle lorsque je me prenais au sérieux -, mais il me paraît important
que, élite prédestinée de la Nation, nous ayons démontré que nous n’étions
pas uniquement les binoclards limités que certains voyaient en nous.
Cette « plaquette » le démontre un peu : relisez la contribution du cocon
qui expédie en quelques lignes sa « vie de bureau » pour s‘étendre sur
le plaisir qu’il a pris, ensuite, à accompagner des randonnées dans des
coins difficiles ; ou ces témoignages sur la nature, les fleurs rares,
le reboisement ; ou ces poèmes, ou ces dessins ; ou ces engagements dans
les activités associatives de toutes natures …
Ce qui ne veut pas dire que le parcours « technique » de notre promo soit
à négliger pour autant : on trouve des cocons dans la plupart des grandes
évolutions de notre siècle, depuis le nucléaire jusqu’au spatial,
en passant par le R.E.R., le TGV, le réseau autoroutier, la construction navale,
les télécoms, l’armement ou les chantiers pétroliers. Plusieurs ont été
confrontés aux apports d’une culture « technique » différente, et en ont
tiré leurs propres conclusions.
Le Général Leroy nous disait, à la fin de notre séjour sur la Montagne :
« Demain, tu seras un chef ». Ce n’était pas obligatoirement l’objectif
– ou la panacée – de chacun d’entre nous, mais on peut y voir une image :
être le chef de sa propre destinée, avec tout ce qu’elle comporte de
surprises, d’erreurs de parcours, d’événements heureux ou malheureux,
de relations humaines. À la lecture de ces contributions, pas de jugement
de valeurs donc, mais une grande impression dominante : nous avons vécu
la vie qui devait être la nôtre.
Merci à tous ces témoins de l’avoir montré.
Yvon Bastide
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