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En souvenir d'Alain TRUFFERT



Vu par son épouse, Victoria

J'ai fait la connaissance de mon mari, Alain Truffert, au cours d'une sortie au théâtre avec mon cousin, Renato Israël qui était son camarade de promotion et de casert.

Lors de notre première rencontre, j'avais été frappée par sa taille et surtout par ses yeux très bleus, particulièrement fascinants pour la jeune fille née et élevée en Égypte que j'étais. Le premier qualificatif que je me souviens lui avoir appliqué est "farfelu", et, en effet, je pense qu'il était décalé par rapport à la moyenne de ses camarades, faisant usage d'une culture aussi vaste qu'éclectique pour porter un regard original sur un nombre de sujets étonnamment variés. Cette originalité lui venait probablement de son adorable maman anglaise, qui lui avait aussi transmis un sens de l'humour très british ainsi qu'une connaissance approfondie de l'anglais.

Pendant nos près de 38 ans de mariage, nous avons eu deux garçons et une fille, et 8 petits-enfants dont nous étions très fiers.

De 1994 à 1996, pendant ses deux dernières années, la maladie nous a fait vivre des moments bien difficiles et douloureux, mais aussi des instants très doux. J'ai pu apprécier des aspects plus profonds de sa personnalité, et son stoïcisme faisait mon admiration ; le groupe X Philosophie dont il faisait partie y était-il pour quelque chose ?

En tout cas, je reste persuadée qu'il était exceptionnel. Pour moi il est irremplaçable.

Deux camarades de promotion ont été très proches de mon mari, Alain Orszag qui partageait son interêt pour l'électronique, et Renato Israël déjà cité. Leurs témoignages suivent :

Vu par Renato ISRAËL

J'ai fait la connaissance d'Alain Truffert à l'X. Ce qui nous a tout d'abord rapprochés a été une certaine appréciation de la culture et de l'humour britanniques acquise, en ce qui me concernait, au cours d'une éducation secondaire partiellement anglaise et, en ce qui le concernait, par le milieu familial. (Son père enseignait l'anglais à Lakanal, et sa mère, anglaise de naissance, enseignait à l'Institut Britannique). En deuxième année, nous étions dans le même casert et j'ai eu la possibilité d'apprécier sa culture très variée et sa curiosité tous azimuts.

Nous sommes restés très proches à la sortie de l'école, débutant nos carrières respectives dans deux sociétés de Télécommunications concurrentes mais partageant souvent nos loisirs (sorties, voyages). Puis il a épousé ma cousine, ce qui nous a encore rapprochés, d'autant plus que nos enfants étaient dans la même tranche d'âge. Son parcours professionnel, à l'image de son éclectisme lui a fait parcourir les domaines de la Radio, de l'Optique, de l'Horlogerie et de la Normalisation du petit matériel électrique. Partout, il a su apporter des solutions concrètes et applicables aux problèmes qui lui étaient posés.

L'image que je garde de lui est celle d'un homme d'une grande intelligence, alliée à une curiosité extrême qui lui faisait approfondir des domaines très variés, allant de la technique électronique à la musique, en passant par l'histoire de l'art et l'histoire tout court. Il appréciait le débat, et prenait souvent, dans des discussions amicales, le contre-pied du point de vue de son interlocuteur pour susciter une argumentation. Son seul petit travers, probablement commun, à des degrés divers, à beaucoup d'entre nous, était son manque d'indulgence vis-à-vis de l'autorité mise au service de la médiocrité.

À ses qualités intellectuelles s'ajoutaient une gentillesse foncière et une serviabilité sans limites, qui le faisaient apprécier par tous ses amis.

Vu par Alain ORSZAG

Si ma surprise fut mitigée, en arrivant à l’X, de découvrir que c’était une école militaire, elle fut divine d’y trouver une grande école d’électronique : une école ? Plutôt des cours particuliers, et quels professeurs : nos “anciens”, créateurs du “Binet radio”, et surtout Alain Truffert ! Mais aussi quelle époque : les premiers pas de la télévision grand public, de la modulation de fréquence, des magnétophones, de la “Hi Fi”, les matériels des surplus américains . . . et les premiers transistors !

Dans toutes ces merveilles, celui qui était surnommé “La truff . . . ”, déjà vieux routier des ressources de la capitale, et de la télévision - n’avait-il pas déjà fabriqué son propre poste, exploit inouï pour moi, modeste provincial - me guidait avec une compréhension peu commune de la technique, et une gentillesse encore plus exceptionnelle. Bien sûr, esprit brillant et éclectique, il avait bien d’autres intérêts, et sa présence au binet n’était pas permanente, mais cette époque devait marquer la naissance d’une longue amitié, qui survécut et même se développa après nos mariages respectifs, faisant de nos couples de très proches et très chers amis.

Je ne m’étendrai pas sur les qualités intellectuelles et la culture d'Alain Truffert, que Renato a évoqués mieux que je ne saurais faire, mais deux traits m’ont toujours paru chez lui plus particulièrement hors du commun.

D’abord une curiosité véritablement universelle : de la technique (de la plus ancienne jusqu’au PC, qu’il utilisa très tôt), à la philosophie, voire l’ésotérisme, en poussant jusqu’à bien d’autres sujets encore (l’organisation administrative de l’“au-delà” . . .), toutes questions qu’il abordait de façon aussi imaginative qu’analytique.

Ensuite une absence totale d'arrivisme et d’agressivité qui, de la part de quelqu’un d’aussi intelligent, forçait mon admiration.

La disparition prématurée (pourquoi lui, et si tôt ?) d’une personnalité telle que la sienne, si elle laisse un vide irremplaçable pour ses proches, est aussi, selon moi, une grande perte pour notre société.

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