77 - 78
Roger CRUON
Sorti
dans les Poudres, je me retrouvais dès le 1er
octobre 1956 à l’Atelier de Chargement de Pont-de-Claix
près de Grenoble, ayant, comme mes cocons poudriers, sauté
l’année de service militaire et une année d’École
d’Application, la patrie ayant un urgent besoin de nous. Après
quelques années passées dans le domaine de la guerre
chimique, je me fis affecter au Centre Interarmées de
Recherche Opérationnelle qui venait d’être créé.
À l’âge où mes camarades pouvaient prétendre
à diriger une poudrerie, mon incompétence en matière
de poudres et d’explosifs, et mon intérêt
grandissant pour la nature, me firent accepter en 1975 une offre de
mise à disposition du Ministère chargé de
l’Environnement en tant que Délégué
Régional en Champagne -Ardennes ; rappelé l’année
suivante au Ministère pour diriger le Service d’É
udes
Économiques, des Statistiques et du Plan, j’eus la
chance de bénéficier en 1978 de la loi de dégagement
des cadres votée en 1975, et fus mis en congé spécial
pour cinq ans, avec mise à la retraite en 1983.
J’ai exercé depuis lors, dans la région de Toulon où
je me suis alors installé, le métier de conseil en
informatique. Disposant d’une retraite qui m’assurait la
matérielle, j’ai pu choisir mes clients et mes missions,
sans cependant travailler en dilettante.
Depuis 1960 je m’étais intéressé aux oiseaux ;
j’avais participé au début des années 1970
à l’inventaire (qualitatif) des oiseaux de France, puis
j’ai lancé un inventaire destiné à suivre
l’évolution des effectifs des espèces les plus
communes. Cet inventaire (comme ceux qui ont été
entrepris depuis) a eu un succès très mitigé
auprès des ornithologues amateurs, et mes obligations
professionnelles m’ont obligé à l’abandonner
assez rapidement. Par contre j’ai pu créer la Commission
de l’avifaune française, qui a publié et tient à
jour la liste « officielle » des oiseaux de
France, et à laquelle je continue de participer.
Lors de mon installation dans la région toulonnaise en 1979, j’ai
pu commencer à apprendre la botanique, ce que la fréquentation
des oiseaux me faisait souhaiter depuis longtemps. Le nombre
d’espèces de plantes (pas loin de 3000 dans le Var)
étant environ dix fois plus grand que celui des espèces
d’oiseaux. Cet apprentissage demande un certain nombre
d’années, et ce n’est que vers 1990 que, plus tout
à fait débutant et ayant un peu réduit mes
activités professionnelles, j’ai pu participer à
des sorties avec des botanistes confirmés, professionnels ou
amateurs, et progresser dans la connaissance scientifique des plantes
sauvages.
En 1996, j’ai créé avec quelques amis l’Association pour l’Inventaire
de la flore du Var (les plus psychologues d’entre vous feront le
rapprochement avec ce qui précède et tireront certainement des
conclusions sur une particularité de mes circonvolutions cérébrales),
dont le but est de publier un catalogue des plantes du département avec
des cartes de répartition ; le précédent catalogue date de 1908.
Attacher mon nom (avec ceux d’une vingtaine d’amis botanistes) à cet
ouvrage m’assure donc de passer à la postérité. Initialement, nous nous
étions fixé un délai de cinq ans pour l’achèvement de ce travail.
|
|
Actuellement, nous avons accumulé
250000 données et commencé à rédiger le catalogue, mais il nous faudra
bien encore trois ans avant d’en voir le bout.
Président
mais surtout informaticien de l’association, je passe soixante jours
par an sur le terrain, et le reste à saisir des données, programmer des
extractions de la base de données pour répondre aux multiples demandes
de communes, parcs ou autres organismes gérant des espaces naturels,
rédiger les textes concernant les familles dont je suis chargé, relire
ceux écrits par les autres rédacteurs, vérifier les données, et mille
autres tâches qui font que je ne vois pas le temps passer … et que j’ai
attendu la dernière minute pour écrire - à la hâte – ces quelques
lignes pour répondre à l’appel de notre Caissier.