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Paul-Louis GIRARDOT



Le moment est venu de tenter de rendre à l’École Polytechnique ce que nous lui devons. Chacun convient que l’X apprend à faire travailler les neurones et à faire de la vie « une suite d’idées qu’on ne peut interrompre ».

Mais l’X apprend surtout à organiser ce bouillonnement, cette curiosité, à les stimuler, à les structurer pour en faire un acte créateur, le sel de l’existence.

Ayant lu un très sérieux conseiller en organisation qui expliquait que l’équipe dirigeante d’une entreprise devait fonctionner comme un orchestre de jazz, j’ose maintenant parler de ce que mon séjour rue Descartes m’a apporté en me permettant de constituer avec Chivot (malheureusement trop tôt disparu), Menat et Joly, un petit orchestre de jazz.

Car il s’agit bien là de création (l’improvisation), d’un acte structuré (car, comme disait Alain, dans la musique d’ensemble, il faut, d’abord, savoir compter les mesures !) et, surtout, de joie partagée dans un jeu perpétuel, entre amis, guettant réciproquement la réaction de l’autre pour mieux l’intégrer dans le bouquet sonore.

Ayant passé ensuite l’essentiel de ma carrière à la Compagnie Générale des Eaux, devenue maintenant Véolia-Environnement - V.E. - (et me trouvant maintenant, président du Conseil de Surveillance de la Compagnie Générale des Eaux, filiale de V.E. , maintenant conforme à son nom, c’est-à-dire vouée exclusivement à l’eau), j’ai pu, pendant de longues années, apprécier la prodigieuse efficacité créatrice d’une organisation biologique (autre terme pour caractériser la création collective) qui, à partir du métier apparemment modeste (mais combien divers et subtil) de distributeur d’eau, a amené (avec quelques bien graves faux pas) une vieille dame, qui fête cette année son 150ème anniversaire, à devenir concessionnaire de télévision à page (Canal Plus), créatrice d’un réseau de radiotéléphone (SFR), transporteur urbain (Connex), …

Je voudrais aussi avoir une pensée particulière pour notre camarade Chevassus, trop tôt disparu, pianiste éblouissant de conviction, prodigieux créateur amoureux de Thélonious Monk et de Messiaen, dont les fulgurances m’ont transporté, il y a cinquante ans, à une altitude qui m’était inconnue. Fulgurances auxquelles j’ai repensé lorsque j’ai eu la joie de créer SFR en 1988, avec Alain Bravo (X 65) et Richard Lalande (X 67). Quelques instants de grâce exceptionnels, rue Descartes, lorsque nous avons introduit clandestinement la première femme de Louis Armstrong, excellente pianiste elle aussi (au prix de huit jours de mise à l’ombre) et quelques autres grands noms du jazz de l’époque ! Je ne me doutais pas alors – et je ne le réalise que maintenant – que ce petit orchestre de jazz, fruit de la rue Descartes, portait en germe ce qu’a été ensuite toute ma carrière, vouée au développement, à la création et au développement de services collectifs.

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