Charles-Michel MARLE
Né à Guelma
(Algérie) le 26 novembre 1934
Hypo+taupe
et taupe
au lycée Bugeaud
à Alger
Corps des mines
Service
militaire dans le génie à l'école d'application
d'Angers
(octobre
1955 à février 1956), puis en
Algérie
(mars à décembre 1956).
Ecole
des mines de Paris (janvier 1957 à novembre 1958) ;
simultanément (octobre 1957 à septembre
1958) école
nationale supérieure du pétrole et des moteurs.
Stage
à l'OCRS
(Organisation
Commune
des
Régions Sahariennes) de décembre 1958 à
septembre
1959,
partagé entre Alger, Paris et diverses missions au Sahara.
Octobre
1959 à Septembre 1969: ingénieur de recherche, puis
chef de département (mars 1964).
puis directeur de division
(octobre 1967) à l'Institut
Français du Pétrole.
Maître
de conférences à l'université
de Besançon (octobre 1969 à septembre 1975). Maître
de
conférences, puis Professeur, à l'université
Pierre et Marie Curie, Paris (octobre 1975 à août 2000).
Professeur émérite depuis septembre 2000.
Marié depuis 1960, trois enfants et quatre petits-enfants.
Chers camarades,
Je souhaite
profiter de
cette
occasion pour vous dire à tous la sympathie et l'amitié
que je n'ai pas
toujours su exprimer
verbalement
lorsque nous étions ensemble sur la montagne Sainte-Geneviève.
Je
pense aussi aux nombreux camarades de notre promotion qui nous
ont déjà quittés, dont
plusieurs
m'étaient très proches. Je souhaite
exprimer à leurs familles toute ma compassion.
Personnellement,
j'ai été jusqu'à présent relativement
épargné par la vie. Je sais qu'il n'en est
pas de
même pour tous nos camarades, et j'exprime à
ceux qui ont connu de dures épreuves toute ma
sympathie.
Avec
du recul, j'estime
que les deux années que j'ai passées à l'X
sont,
avec
celles que j'ai
passées en
hypo+aupe
et en taupe,
parmi les plus heureuses de ma vie: l'avenir semblait
ouvert, prometteur et
libre de toute contrainte. J'étais
admiratif
devant le
nombre et la diversité des talents rencontrés
chez
nos camarades, et
fier de faire partie
de cette
promotion.
J'ai
peu de chose à vous raconter sur mon expérience
professionnelle. J'ai passé les dix premières
années
de ma carrière à l'Institut
Français du Pétrole, à faire de la recherche
appliquée sur
l'exploitation des gisements d'hydrocarbures.
Assez rapidement,
j'ai compris que cette orientation
ne me convenait pas; de plus.
la part de mon activité réellement consacrée à
la recherche appliquée a
décru très
vite comme je montais en grade; ma recherche devenait
principalement
recherche de
contrats et de sources de financement, ce qui n'est
pas mon fort!
Il
m'a fallu dix ans pour réunir les conditions
me permettant
une réorientation
vers l'enseignement
supérieur;
j'ai laborieusement passé des certificats de licence, puis
préparé une thèse de doctorat
en
travaillant pendant
les week-ends et les vacances sur un sujet n'ayant
rien à voir avec mon activité
professionnelle.
J'ai franchi le pas en 1969 en prenant un poste
de maître de conférences à
l'université
de Besançon. Ce n'est
pas tellement
l'enseignement qui m'a
attiré (j'ai
toujours enseigné
avec plaisir,
mais sans passion). Ce sont les mathématiques
elles-mêmes, la liberté de créer et
la
stimulation intellectuelle
qu'elles
offrent,
qui m'ont
attiré.
J'ai
constaté que cette passion est
partagée par un
grand nombre de mes collègues (pratiquement tous ceux qui
restent actifs en
recherche, c'est-à-dire entre 30 et 50
pour cent). Elle existe aussi chez d'assez nombreux jeunes
étudiants.
Chaque fois que j'ai décelé cette
passion chez un de mes étudiants, j'ai essayé de
favoriser
son épanouissement,
bien que les débouchés actuels dans la recherche
mathématiques soient peu
nombreux et donnent lieu à
une rude compétition.
Depuis septembre 2000, je
bénéficie du titre pompeux de professeur émérite,
ce qui veut dire que je
suis en retraite.
Je n'enseigne plus, mais j'ai toujours
un petit
bureau dans les locaux de mon
université; je continue à
participer à divers colloques (j'étais à Vienne
au début
d'août pour participer
à une rencontre organisée
en l'honneur d'un collègue américain pour son
soixantième anniversaire),
j'organise un séminaire
hebdomadaire, mais je ne dirige plus de thèse car je ne me
sens plus capable
d'orienter efficacement des jeunes gens et
de les aider à trouver
leur place dans le monde
mathématique.
Dans
mon travail, j'ai aimé le contact avec des jeunes, l'absence
de fait de toute
hiérarchie, la
liberté de choisir les sujets
de recherche qui me plaisaient sans avoir à me soucier
d'applications
éventuelles ni d'utilité d'aucune
sorte (au prix, évidemment,
d'un financement des plus
médiocres), et
le caractère international, sans
frontière, de la recherche mathématique. Je n'ai pas su
profiter de
toutes les occasions de séjour à
l'étranger qui s'offraient à moi (mon seul séjour
d'assez longue durée
à l'étranger est un
séjour de cinq mois à Berkeley
en 1989) mais j'ai des échanges réguliers par
courrier
électronique avec des collègues de diverses
nationalités.
Je
me demande parfois si je n'ai pas fui la réalité et la
vraie vie en me réfugiant dans le monde
mathématique.
Même dans ce domaine, j'ai conscience de n'être pas allé
aussi loin que je l'aurais pu,
ou dû, et d'avoir été
trop individualiste. Je n'ai jamais essayé d'exercer un
pouvoir quelconque dans
les instances universitaires, alors que je
suis bien conscient des nombreuses imperfections du
système
et que j'aurais peut-être
pu contribuer à remédier à certaines.
Heureusement, je suis sûr que
dans notre promotion,
d'autres camarades ont. plus que moi, contribué à
changer le monde!
Amitiés à
tous,
C.-M. Marle
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